Archives départementales de l'Indre

Conseils pour la conservation et la sûreté des objets mobiliers

Les objets mobiliers (tableaux, sculptures, textiles, objets d'orfèvrerie...) sont fragiles et exposés, en fonction des matériaux qui les constituent et de l'environnement dans lequel ils sont conservés, à des risques de vols et de dégradation, voire de destruction. La conservation préventive, en agissant sur l'environnement, permet souvent d'éviter de coûteuses opérations de restauration d'objets altérés. Les interventions sur des objets d'art, qu'ils soient ou non protégés au titre des Monuments historiques, doivent être réalisées par des professionnels de la conservation-restauration. Toute intervention sur un objet protégé (inscrit ou classé) nécessite de prendre préalablement contact avec la Conservation des Antiquités et Objets d'Art de l'Indre. La CAOA pourra également vous conseiller sur les mesures à prendre pour assurer la bonne conservation d'objets non protégés.

Les conseils ci-dessous s'appliquent en premier lieu aux églises, très vulnérables car souvent ouvertes au public sans surveillance. Ils peuvent cependant être adaptés à d'autres lieux de conservation.

En cas de disparition, vol ou dégradation, consulter la fiche "Que faire en cas de vol ?" et avertir au plus tôt la Conservation des Antiquités et Objets d'Art.

Vols et malveillance

Lorsqu'un édifice est protégé au titre des Monuments historiques, il est nécessaire de consulter l'architecte des bâtiments de France avant toute intervention sur le bâtiment. Lorsque une intervention est envisagée concernant un objet protégé, il est nécessaire de faire appel à la Conservation des Antiquités et Objets d'Art.

  • Sensibiliser le voisinage aux risques d'intrusion dans l'église.
  • Limiter le nombre de clés et être en mesure d'en connaître la localisation à tout moment.
  • Privilégier un unique point d'accès équipé d'une menuiserie en bon état et de deux points de fermeture. Verrouiller les accès secondaires de l'intérieur.
  • Equiper de barreaux les fenêtres situées à moins de 2,20 m du sol.
  • Munir de grillages anti-projections les baies garnies de vitraux.
  • Fixer les statues à leur base ou au mur.
  • Equiper les tableaux d'un système d'accrochage retardant le décrochage.
  • Ne pas laisser d'échelles ou escabeaux en libre-accès dans l'église.
  • Limiter les horaires d'ouverture si l'édifice n'est pas surveillé, sensibiliser le public à la valeur patrimoniale du bâtiment et des objets conservés.

Incendie

  • Vérifier que l'église est protégée par un paratonnerre.
  • Vérifier que l'installation électrique est aux normes et périodiquement contrôlée.
  • Vérifier que le système de chauffage fait l'objet d'une maintenance, proscrire les appareils mobiles de chauffage sur bouteille de gaz.
  • Vérifier que les supports des cierges sont stables.
  • Vérifier que l'église est prise en compte dans le registre de sécurité de la commune et que celui-ci est à jour.
  • Vérifier que l'église est équipée d'extincteurs et que ceux-ci sont contrôlés annuellement.
  • Veiller à ce que la circulation à l'intérieur de l'église soit aisée afin de ne pas gêner le passage des secours.
  • Effectuer une visite de l'église avec les pompiers pour aborder les questions relatives à la sécurité incendie.
  • Veiller à ce qu'une clé puisse être rapidement mise à disposition des secours en cas d'intervention.

 Risques liés à l'eau et à l'humidité

  • Vérifier l'étanchéité du bâtiment. Certains signes peuvent annoncer un défaut d'étanchéité : tuiles ou ardoises manquantes en toiture, mousse ou végétation sur la toiture, fuites et débordement des canalisations d'eaux pluviales, murs fissurés et/ou colonisés par des plantes grimpantes, pierres déchaussées, fenêtres percées...). Une inspection du bâtiment peut être programmée un jour de pluie pour évaluer la situation.
  • Observer si des points d'infiltration sont repérables en particulier dans les combles (si ceux-ci peuvent être parcourus sans danger), là la jonction des voûtes et des murs (traces de ruissellement), dans la partie inférieure des murs (couleur plus sombre, présence de mousse, dégradation des boiseries...).
  • Si l'église est alimentée en eau courante : s'assurer qu'un plombier a vérifié l'installation au cours des trois années précédentes, observer si des traces d'humidité existent à proximité des conduites.
  • Eviter les nettoyages à grande eau ou à l'eau sous pression : privilégier le balai, l'aspirateur, la serpillère pour le carrelage.
  • Eviter d'aérer au printemps (apport d'air humide, déséquilibre du climat intérieur, entrée d'insectes).
  • Inspecter périodiquement l'église et les objets mobiliers en recherchant si des tableaux, des sculptures, des livres ou des textiles présentent des moisissures (signe d'une humidité trop importante), si le bois de certains meubles est friable, foncé ou humide au toucher (pourriture du bois par excès d'humidité), si des parois, des peintures murales, des vitraux ou le sol présentent une coloration verte (algues microscopiques, particulièrement dangereuses pour les peintures murales).

Infestations par des animaux

Les infestations ne sont pas toujours aisées à repérer. Elles concernent notamment les objets partiellement ou totalement constitués de bois, papier ou textile. Aucun traitement ne doit être entrepris sans l'avis d'un professionnel de la conservation-restauration, en concertation avec la Conservation des Antiquités et Objets d'art. Les principaux points à examiner sont les suivants :

  • La présence de termites a été signalée dans la commune ou une commune voisine.
  • Les murs de l'église sont partiellement en bois.
  • L'église renferme des objets particulièrement sensibles aux infestations (boiseries, sculptures en bois, buffet d'orgue, vêtements liturgiques, bannières et drapeaux, livres et gravures).
  • L'église comporte des zones particulièrement humides (voir ci-dessus).
  • Des oiseaux peuvent entrer dans l'édifice : grillager les ouvertures leur permettant d'entrer.
  • Des rongeurs infestent l'édifice (présence de nids, déjections, tissus déchiquetés) : poser des pièges, préférables aux appâts empoisonnés.
  • Objets en bois : les examiner au printemps, en cherchant si l'on observe : de petits trous ronds entourés de poudre claire, de petites tunnels en relief en surface, de petits tas de poudre claire sous les objets (signes d'infestation par des insectes xylophages).
  • Textiles : les inspecter en cherchant si l'on observe : envol d'insectes vivants lors de la manipulation, présence d'insectes morts et de déjections, trous et usures répétés (signes d'infestation par des insectes kératophages). Les textiles peuvent être très fragilisés, stoppez la manipulation si vous constatez que celle-ci est délicate.
  • Papier : les inspecter périodiquement en cherchant si l'on observe : présence d'insectes vivants, présence de petits trous ronds dans le papier ou la reliure (signe d'infestation par des insectes kératophages).

Maintenance des lieux et des objets

  • S'assurer que le ménage est effectué régulièrement, au moyen d'un matériel adapté et suffisant.
  • S'assurer que, lors du ménage, aucune intervention n'est effectuée sur les objets : dépoussiérer un tableau ou une statue, frotter une pièce d'orfèvrerie peut entraîner des altérations irréversibles, non perceptibles à l'oeil nu.
  • Eviter l'exposition à la lumière directe des objets protégés, ne pas les placer sur des murs présentant des traces d'humidité.
  • Ne pas détourner les objets de leur fonction première (utilisation de mobilier patrimonial pour présenter ou fixer des objets, des appareils de sonorisation, des plantes...).
  • Entretenir l'orgue dans le cadre d'un contrat, ne pas laisser la tribune en libre-accès.
  • Ne pas placer tableaux et statues directement contre le mur (le contact avec la paroi favorise le développement de l'humidité et la prolifération des insectes).
  • Protéger les dalles funéraires contre le piétinement.
  • Ne pas exposer les textiles en permanence (les couleurs disparaissent à la lumière). Les conserver dans un chapier sain et en bon état, éventuellement enveloppés de Tyvek.
  • Ne pas laisser de livres ouverts en permanence sur des lutrins, rechercher si des archives anciennes sont conservées dans la sacristie.
  • Conserver les pièces d'orfèvrerie à l'abri de la poussière, sans que les différentes pièces se touchent.

Pour aller plus loin

Le ministère de la Culture propose un outil d'auto-évaluation des conditions de conservation des objets mobiliers dans les églises. Ce petit guide sous forme de questionnaire permet d'évaluer points forts et points faibles en termes de conservation et de sûreté et d'identifier les actions à entreprendre en priorité.

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