Archives départementales de l'Indre

Ni fêtes ni bals pour la mort du Dauphin

Ordonnance du bailliage du 24 décembre 1765, proscrivant pendant un mois les bals, jeux publics, assemblées et spectacles en raison de la mort du Dauphin 

Le 24 décembre 1765, les avocats du bailliage sont réunis, Maître Sulpice Estienne Parthon annonce la mort du dauphin(*).

Afin de rendre l’hommage dû à la mémoire d’un prince, il convient de donner des preuves publiques du deuil « ressenti » par chacun.

La chambre du conseil du palais royal de Châteauroux décide donc que soit diffusée aux habitants de cette ville et de toutes les autres du bailliage l’interdiction de tenir aucune assemblée générale, aucun bal, jeux public ni spectacle sous peine pour les contrevenants d’une amende qu’il plaira à la chambre de fixer par ordonnance et qui sera lue, publiée et affichée partout et exécutée.

Il est décidé qu’à Châteauroux, la peine consistera en une amende de 100 livres contre chacun des contrevenants.

* Louis de France, fils de Louis XV et père de Louis XVI, meurt le 20 décembre 1765 à Fontainebleau. 

Transcription

Aujourd’huy vingt quatre décembre mil sept cens soixante cinq, la chambre assemblée, les gens du roy sont entrés et Maître Sulpice Estienne Parthon, avocat dudit seigneur roy, portant la parolle, ont dit : la consternation où nous sommes avec tout le public à ce cruel instant qui nous apprend la mort de Monseigneur le Dauphin est un tableau bien naturel de la vive douleur que nous ressentons, mais pour rendre autant qu’il est en nous l’hommage que nous devons à la mémoire d’un prince aussy précieux par l’éclat de ses vertus que par celuy de sa naissance, il ne suffit pas à nos coeurs pénétréz de se livrer aux regrets les plus amers, il est indispensable de donner avec nos concitoyens des preuves publiques de notre deuil intérieur.

A ces causes nous requierons qu’il soit fait deffenses aux habitans de cette ville et à tous autres d’y tenir pendant un mois aucunes assemblées généralles, aucuns bals, jeux publics et spectacles, à paine contre les contrevenants de telle amande qu’il vous plaira fixer et que votre ordonnance qui sur ce interviendra soit lue, publiée, affichée partout où besoin sera et exécutée par provision.

Et à l’instant la chambre égallement touchée de la douleur la plus sensible et empressée à interdire tous divertissemens dans ce temps de tristesse et de deuil, a fait et fait très expresse inhibitions et deffenses à tous les habitans de cette ville de quelque état et condition qu’ils soyent et à tous autres qu’il appartiendra d’y tenir pendant un mois à compter du jour de la publication de la présente ordonnance aucunes assemblées généralles, aucuns bals, jeux publics et spectacles, à paine de cens livres d’amande contre chacun des contrevenants.

A été arresté que la ditte ordonnance sera lue, publiée et affichée partout où besoin sera et exécutée par provision nonobstant appel ou opposition attendu ce dont il s’agit. Fait et donné les jours et an que dessus en la chambre du conseil du palais royal de Châteauroux en présence des gens du roy par nous, Jean Guymon de La Touche, conseiller du roy, assesseur civil et criminel, expédiant à cause de la minuireté(*) du lieutenant général civil et de police au baillage royal de Châteauroux avec Maître Léon Crublier de Chandaire, conseiller civil, police et criminel, et Maître François Blanchard, lieutenant criminel, en la présence de Maître Bonnin de Treuillault, lieutenant général civil et de police, et de Maitre Bertrand, conseiller, tous les deux officiers mineurs.

(AD 36 cote 1 B 85)

* Minorité. Le lieutenant général civil et de police étant mineur, il ne peut signer lui-même cette ordonnance.

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