Le temple protestant de Châteauroux
La pratique du culte protestant dans l’Indre, comme partout en France au XIXe siècle, est étroitement réglementée et surveillée par les préfectures. Après plusieurs demandes, les protestants obtiennent en 1867 une autorisation de pratiquer le culte, qui leur avait été préalablement refusée en raison de leur trop petit nombre. S’ensuivent de premières démarches pour obtenir l’autorisation d’acquérir un terrain destiné à la construction du temple réformé de Châteauroux, entreprises en 1873, grâce aux fonds légués par Pierre Clérault, capitaine en retraite castelroussin.
Le terrain envisagé dans un premier temps se trouve rue Saint-Luc (aujoud’hui, rue Roger Cazala), à une centaine de mètres de l’église Saint-André. L’emplacement donne cependant lieu à débats et protestations. Pour beaucoup, implanter un temple protestant si près d’une église catholique risque de gêner l’exercice des deux cultes, de créer des conflits, voire d’influencer la foi des catholiques, contraints à passer devant le temple sur le chemin vers l’office… « Quant à la seconde objection, je ne ferai pas aux catholiques de Châteauroux l’injure d’y répondre, ce serait trop douter de la solidité de leur foi », rétorque S. Stichter, membre du conseil presbytéral de Mehun-sur-Yèvre, dans un mémoire de 1873 adressé à la préfecture de l’Indre.
Forte de 67 fidèles à cette date, la communauté protestante obtient gain de cause l’année suivante, mais entre temps le projet a été modifié et le décret du 10 juin 1874 leur octroie la possibilité d’acheter une maison rue Saint-Jacques (aujourd’hui, rue Thabaud-Bois-la-Reine). De nombreux travaux sont alors à prévoir pour rendre la maison appropriée à accueillir le culte, et ceux-ci sont confiés à l’architecte départemental Alfred Dauvergne. Avec l’achat en 1877 de « deux petites maisons sises rue Porte-Thibault » pour l’aménagement d’un presbytère, l’implantation dans le quartier se poursuit et dessine les traits du temple tel qu’il existe aujourd’hui.
L’ensemble des archives relatives à la construction de ce temple et aux débats qu’elle engendra sont disponibles dans la sous-série 7 V des Archives départementales. Nous vous proposons d'en découvrir ici quelques extraits.